Floyd Of Mice and Men opéra - TROY621 22 - Lyrique - par Albany

Fruit d’une lente maturation, l’œuvre lyrique la plus aboutie de Carlisle Floyd nous parvient ici dans un live de l’Opera de Houston. Le compositeur est son propre librettiste, l’œuvre y gagne en force et en cohérence. La distribution des caractères et la progression dramatique sont des plus classiques. L’essentiel est ailleurs : l’envers du rêve américain. L’orchestre (direction efficace de Patrick Summers) nous restitue moins les grands espaces que leur vacuité et l’ennui des hommes. La catastrophe finale est sous-jacente dès le début. Catalyseur du drame, Lennie, un peu Chaste Fol par les pulsions sensuelles et violentes qui le traversent, un peu Innocent de Boris pleurant malheurs et espoirs déçus. Le tenor Anthony Dean Griffey est parfaitement en situation : timbre clair, presque désincarné, aigus en voix mixtes, il sait aussi chanter sale, brutal. Le baryton Gordon Hawkins concilie autorité paternaliste et lyrisme éperdu. Dans cette ambiance étouffante, on admire l’abattage de la soprano Elisabeth Futral, insinuante et sensuelle en Madame Bovary du Mid West. Of Mice and Men, ou comment un opera profondément américain atteint à l’universel. (Olivier Gutierrez)