Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)
Benzin, opéra en 2 actes

Kouta Räsänen, basse
Johanna Stojkovic, soprano
Guibee Yang, soprano
Susanne Thielemann, soprano
Matthias Winter, baryton
Tiina Penttinen, alto
Thomas Mäthger, basse
Heidrun Göpfert, soprano
Carsten Süss, ténor
Andreas Kindschuh, bayrton
André Riemer, ténor
Martin Gäbler, basse
Chœur de l'Opéra de Chemnitz
Robert-Schumann-Philharmonie
Frank Beermann, direction

Le bien nommé Ulysse Eisenhardt, commandant d’un zeppelin, doit effectuer un atterrissage d’urgence sur une île dont on comprend rapidement qu’elle est à quelques encablures des Etats-Unis. Sur cet étrange paradis insulaire règne Gladys, la fille d’un milliardaire, dont le divertissement favori est d’hypnotiser les hommes afin de les persuader qu’ils sont des animaux. Le commandant lui a tapé dans l’œil, il résistera à tous ses enchantements, et lorsqu’enfin il obtiendra la précieuse essence pour repartir, Gladys lui avouera sa flamme : ensemble ils s’envoleront dans leur joli zeppelin. Rezniceck, si doué pour l’humour mêle ici la parodie mythologique avec les persifflages du Zeitoper, s’inspirant de la pièce de Calderon de la Barca « El mayor encanto, amor » et se délecte en écrivant une comédie sentimentale que Richard Strauss n’aurait pas méprisé. "Benzin", l’ouvrage est nommé d’après le précieux carburant que Gladys refuse à son Ulysse, fut écrit en 1928-29 (deux ans après la création du "Johny spielt auf" de Krenek), l’opéra de Hambourg le refusa effrayé par son caractère singulier : le compositeur prévient dans son intitulé : « Heiter-phantastisches Spiel mit Musik », on y parle en chantant, pas d’air, priorité au théâtre. La grande crise balaya les espoirs de Reznicek de ne le voir jamais créé et sa déception faillit le détourner de l’opéra, lui qui avait espéré renouer avec le succès de Donna Diana. Finalement "Benzin" sera créé le 28 novembre 2010 au Théâtre de Chemnitz, filmé par la télévision, CPO édite aujourd’hui la bande son de ce spectacle emmené par la Gladys de grande allure que campa Johanna Stojkovic : elle y est assez fabuleuse, tout comme son Ulysse, dont Carsten Süss assure la tessiture délicate avec un brio certain. Toute l’équipe s’est prise au jeu, à commencer par Matthias Winter, Mayer désopilant, ou Guibee Yang, Violet accorte. Frank Beermann, comme il le faisait déjà pour la "Schweigsame Frau" de Strauss,conduit le tout d’un geste fin et leste, la comédie brille, laissant espérer que cette vaillante troupe persévère chez Reznicek : "Eulenspiegel Reimensweiss", "Holofernes", "Emerich Fortunat" les espèrent (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)

Strange but true: Emil Nikolaus von Reznicek’s opera Benzin set to his own libretto freely adapting Pedro Calderón de la Barca’s El mayor encanto amor collected dust for more than eighty years and first found its way from his music cabinet to the stage when it came to the attention of the Chemnitz Theater. It was here that the opera now finally being released on CD celebrated its premiere on 28 November 2010. A closer examination of the opera reveals that there is much more to it than a lighthearted operetta; here we have a farcical, fantastic drama à la E. T. A. Hoffmann in which grotesque exaggeration renders tolerable the depths and perils of human existence. Dance forms pervade the music, contributing to the characterization of the social class depicted in the plot of the opera while also offering an overview of the »light tone« intended by Reznicek for this work; polonaise, foxtrot, Boston lente, and Tempo di Valse numbers occur along with a tango and a Galopp presto. The tonal arsenal is fully equipped and implemented, which of course means propeller noise, sirens, and hammering on an anvil creating an authentic airport atmosphere.