Antonín Dvorák (1841-1904)
Rusalka, opéra en 3 actes

Magdalena Polkowska (Rusalka)
Tadeusz Szlenkier (Prince)
Jacek Greszta (Water gnome)
Darina Gapicz (Witch)
Katarztna Nowak-Stanczyk (Foreign Princess)
Pavlo Tolstoy (Gamekeeper)
Victoria Vatutina (Turnspit)
Choeur de l'Opéra Nova de Bydgoszcz
Henryk Wierzchon, direction
Ballet de l'Opéra Nova de Bydgoszcz
Iwona Runowska, chorégraphie
Orchestre Opera Nova de Bydgoszcz
Macizj Figas, direction
Kristina Wuss, mise en scène

Rusalka se prête aux relectures psychanalytiques, Martin Kusej, Stefan Herheim, Robert Carsen lui-même en ont usées et abusées, créant des spectacles brillants et profonds que je ne peux oublier. Pourtant retrouver le livret dans toute la simplicité du conte original tel que l’a condensé Jaroslav Kvapil, sans que les nombreux arrière-plans n’en soient gommés, quel plaisir ! Soudain la musique de Dvorak, si subtilement menée par la direction poétique de Maciej Figas ne se force plus, elle envoûte ou blesse. Il faut dire que la production évidente de Kristina Wuss, qui se place dans un décor mirant quelques éléments urbains de la ville de Bydgoszcz (l’ancienne Bromberg, capitale de la Voïvodie longtemps demeurée allemande) – le pont sur la Brda, la fontaine aux innocentes, le funambule au dessus de la rivière figuré par l’Ondin (Wodnik) – dit tout du conte et des personnages avec une efficacité redoutable. Production d’une beauté assez incroyable, et qui révèle une troupe de chant formidable : Magdalena Polkowska déploie un timbre ambré et des aigus subtils pour la plus émouvante Rusalka que j’ai croisée depuis longtemps, Katarzyna Nowak-Stanczyk campe une Princesse étrangère carnassière, le Prince de Tadeusz Szlenkier est une pure splendeur vocale (et l’acteur fait son personnage idéalement pusillanime), l’Ondin tendre jusque dans ses colères de Jacek Greszta équilibre bien l’amertume et le brio déployés par Dariona Gapicz, Jezibaba de grand caractère, voix immense, la révélation de cette soirée qui rappelle que l’Opera Nova de Bydgoszcz est l’une des premières scène lyriques de Pologne. Edition soignée, véritable petit livre-DVD, j’espère qu’à l’avenir Dux continuera à documenter les belles productions de cette scène lyrique (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)