Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788)
Mélodies extrait de "Geistliche Oden und Lieder" (textes de C. F. Gellert) , Wq 194
Mélodies extrait de "Geistliche Gesänge mit Melodien" (textes de C.C. Sturm), livre 1 Wq 197
Mélodies extrait de "Geistliche Gesänge mit Melodien" (textes de C.C. Sturm), livre 2 Wq 198
Versions pour piano-forte seul des 13 mélodies précédentes

Mariví Blasco, soprano
Yago Mahúgo, piano-forte
Ímpetus Madrid Baroque Ensemble

1752, année décisive ! Telle une résonance outre-Rhin de la Querelle des Bouffons, paraît à Berlin « De la poésie musicale », livre écrit par le compositeur C.G. Krause prônant à son tour contre les excès de l'écriture savante les vertus de la simplicité. « Rien qu'un lied, pas un opéra.». Insistant sur le respect de la forme strophique et la subordination de la partie pianistique au chant, Krause inaugure la première Ecole Berlinoise du lied mais un compositeur d'une toute autre envergure va lui donner une valeur musicale significative en débordant du cadre des exigences imposées. L'esprit novateur de C.P.E. Bach non circonscrit à la musique instrumentale œuvre à sa perméabilité avec l'univers du lied. Les subtilités de « l'accompagnement » devenant parfois contrepoint narratif embarrassent Krause qui dans sa préface demandait aux musiciens de « composer leurs lieder en chantant, sans utiliser le clavier ». Le zélateur du chant dût déchanter en découvrant la publication de versions pour clavier seul de certains lieder. Pour Gellert, l'illustre poète dont C.P.E. Bach met en musique l'intégralité des Odes et lieder, ceux-ci sont « trop beaux pour un chanteur qui n'est pas musicien.» Les réactions de Krause et de Gellert font songer à celles de Goethe face aux développements schubertiens de ses poèmes. « Le jour est beau, la nuit est sublime » (Kant) : l'alternance de l'enjouement systématique dans ses élans et de l'inspiration profonde, sensible, parfois irrationnelle, produit un ensemble contrasté mais inégal. Il en résulte pourtant ce fragment de couleur singulière dans la mosaïque du monde pré-romantique de C.P.E. Bach. Le lyrisme et l'authenticité expressive permettant de le contempler honorent la soprano Marivi Blasco et favorisent l'indulgence pour la justesse toute relative des voix blanches. (Pascal Edeline)

The flowering of the German Lied tradition may be most closely associated with Schubert, but in fact the genre has much deeper roots than that. Already in the 18th century, composers such as C.P.E. Bach were forming a musical language that would set the stage for its extensive development 100 years later. At this point, they made a distinction between the 'Lied', 'Ode' and 'Hymne'; Bach strongly preferred the Lied (or song), which was composed in verses, and required an accompaniment, unlike the ode. Indeed, Bach's keyboard accompaniments were so wonderfully florid that they could be performed without the singer – as 'Handstücke', as he marked in the score. This new recording includes versions of each Lied for fortepiano solo alone alongside the standard version with the soprano, giving the listener a unique chance to experience Bach's Lieder in two different but equally authentic ways. Soprano Mariví Blasco has performed at prestigious venues across Spain, in roles as varied as Mozart (Despina in Così fan tutte at the Teatro Arenal) and Poulenc (in Dialogues des Carmélites at the Teatro Real). This is her first collaboration with renowned keyboardist Yago Mahúgo, already a prominent recording artist with Brilliant Classics, whose CDs have previously garnered high praise. A specialist in historical performance practice, Mahúgo performs on a fortepiano by Keith Hill, modelled after Anton Walter (1796).