Le 78e volume de la collection « The Romantic Piano Concerto » propose trois partitions rares aux côtés du Concerto pour piano de Clara Schumann. Ce concerto dont la composition débuta alors que la jeune Clara Wieck était âgée de 14 ans est d’une fraîcheur d’écriture magnifique et d’une grande virtuosité qui se révèle dans le finale. Passionné par les répertoires rares, Howard Shelley dirige avec une extrême clarté. La finesse de son toucher illumine l’œuvre dans son époque, celle du premier Chopin des années 1830. Le caractère chambriste est magnifiquement restitué dans le mouvement lent. Le dialogue avec le violoncelle solo (Sue-Ellen Paulsen) mérite tous les éloges. Proche de tous les grands compositeurs de son temps, Ferdinand Hiller écrit un Konzertstück d’un seul tenant, joué allegro energico e con fuoco. A la multiplication des idées musicales au piano répond une solide orchestration. Après avoir gravé les huit concertos pour piano de Herz, Shelley et sa formation nous proposent le Rondo de concert. La richesse des ornements fait songer aux mouvements lents des concertos de Chopin. La vélocité prend bientôt le dessus, rythmée par des danses imaginaires. Le Rêve de Kalkbrenner date de 1833. Cette pièce concertante de dix minutes regorge de trouvailles. La virtuosité la plus débridée de Shelley est enserrée dans une écriture symphonique. C’est, avec le Concerto de Clara Schumann, la partition la plus intéressante de cet album. (Jean Dandrésy) Clara Schumann sacrifia son art à celui de son mari, la perte fut-elle immense ? De beaux lieder disent assez son talent comme quelques pages chambristes, mais le Concerto pour piano, partition sensible et un rien incertaine, la montre prisonnière des canons du romantisme. Ces cadences à la Weber, ces cantilènes délicates et ouvragées, ces fusées mendelssohniennes où le clavier déploie des rubans sont admirables mais aussi assez communes, ce qu’Howard Shelley parvient à gommer tant il met ici d’art et de musicalité. Cela s’écoute vraiment, ravit même et puis s’oublie : pas une mélodie qui reste, pas un souvenir qui demeure. On pourra en dire autant du Konzertstück d’Hiller, brillant et creux, et long. Alors écoutez plutôt le Rondo de concert d’Henri Herz avec ses motifs façon Chopin, sa cantilène marquante, son brio avec vernis. Quelle séduction ! Le disque se clôt par une partition étonnante où Kalkbrenner me semble aller bien plus loin que dans ses Concertos tous enregistrés par Howard Shelley : « Le rêve » joue de tous les poncifs du clavier romantiques, trilles, arpèges, octaves mitraillettes, gammes étourdissantes qui voudraient dépeindre des fantasmagories mais font au final une brillantissime fantaisie de virtuosité dédiée à Czerny. Howard Shelley y met beaucoup de panache, mais l’œuvre reste ce qu’elle est : un tour de passepasse où la virtuosité veut s’habiller à la mode romantique. Rêve certes, mais loin de ceux d’un Füssli. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)
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