Suite de l’exploration par Florian Heyerick des cantates de la Passion que Graupner composa pour l’année liturgique 1741… une goutte dans l’océan de ses plus de 1400 cantates sacrées. Le chef qualifie volontiers le compositeur « d’impressionniste » pour son indéniable talent de coloriste des timbres : il faut dire qu’instruit par Schelle puis Kuhnau, condisciple de Heinichen et ami de Telemann, Graupner fit ses classes dans un paysage musical fastueux. Il en résulta un style très personnel, mélange d’influences italiennes et françaises, fait d’expérimentation et de respect des standards de la cantate luthérienne (mise en valeur du texte avant tout, accompagnement léger). Les mots de Lichtenberg, bien que parfois curieusement adoucis par la musique, sont ici terriblement insistants (trahison des disciples, moqueries des juges, responsabilité des pêcheurs, et même « rira bien qui rira le dernier » dans GWV 1127/41). Ils sont détaillés à l’envie par des solistes tirés du chœur, mais dans une étrange perspective : malgré une attention scrupuleuse aux indications dynamiques et rythmiques (ou à cause d’elle justement ?), la vie et les affects semblent s’être retirés des récitatifs et des airs. De son côté Mannheimer Hofkapelle produit des couleurs très travaillées, aidé par le savoir-faire de CPO en matière de captation (« voir » l’incipit de GWV 1127/41). Au total un beau disque, à entendre pour l’écriture de Graupner ainsi que pour les prestations de l’ensemble instrumental et du chœur. (Olivier Eterradossi) "Graupner holds in store music of the highest artistic sophistication. Flawless vocal achievements and an orchestra that savors all the color nuances of Graupner’s carefully thought-out instrumentation make these Passion cantatas a genuine listening feast". This is what klassik-heute.com wrote after the release of our Vol. 1 featuring cantatas by Christoph Graupner. Vol. 2 now follows, just in time for Passiontide. Once again the instrumentation is manifold in its design, and it is here too that we find the key to Graupner’s personal style: he captivates his listeners not so much with catchy, easy-to-remember »melodies« as with intensive play with the various tone colors made available to him by the court chapel members and their instruments. For example, while the Cantata for the Third Sunday in Lent exclusively employs stringed instruments, for the Cantata of the Annunciation of Mary Graupner chooses a clearly more colorful instrumentation by additionally using two transverse flutes and two oboes opposing each other as pairs in the opening chorus. The instrumentation of the Bass Aria No. 5 in the cantata exhibits special finesse. Along with the pair of transverse flutes, the first violin part is given an original design: it has tones held for an entire measure in the lowest register on the lowest string, while the two flutes insistently repeat their syncopated motion. This recording is new proof that Graupner was indeed the most independent-minded and individual and composer of the German Baroque.
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