 Trio Mondrian ou l’adoption d’un nom prenant toute sa signification lorsqu’on songe à la nature similaire des remises en cause de tout héritage qui ne soit reconquis sinon délaissé par l’analyse, l’interrogation, la vision (tradition = négligence dixit Mahler). Les lignes structurent de façon décisive et sincère un espace, toile ou silence, qui nécessite pour cela d’être d’abord ce lieu totalement vierge. A-t-on encore seulement affaire à un trio lorsque viennent une fois de plus au monde, non sans mystère ou douleur, ces œuvres qui, sans jamais le taire, émergent du silence, quatrième voix participant de toute sa densité telle une basse continue fantomatique ? Un art du son sans précédent mais plongeant son corps dans l’expérience intime du souvenir des limites spatio-temporelles que constitue ce nécessaire silence retour-sur-soi des êtres et des choses. Plus subtil que bien des formations se précipitant dans des élans dionysiaques sans ambiguïtés (la santé du corps en rassure beaucoup tant qu’elle ne s’avoue fantasme nietzschéen), le Trio Mondrian ne fait pas mystère de ses intentions novatrices reconstruisant un discours. Il serait bien entendu erroné, restrictif, de ne voir et saluer dans ces nouvelles lectures que leur esthétisme, si fascinant et singulier fut-il, et d’oublier le sang qui irrigue ces œuvres à la nostalgie non dissimulée. Le thème basque du premier mouvement de Ravel, le thème juif traditionnel du final de Chostakovitch, seraient, si nécessaire encore, un ultime recours contre toute tentation d’abstraction. Pour comprendre ce mélange de sensibilité et d’intelligence du texte, il suffit d’entendre dans ce même final combien sont habités les douloureux frottements de cordes et les haletantes successions de tempi qui se jouent de la respiration en la contrariant. La tension et la vérité dramatique y sont particulièrement accentuées. (Pascal Edeline) Sur ce nouvel opus, le jeune Trio Mondrian affiche une expression riche et intense d’une profonde musicalité. La connexion entre eux, l'unité en tant que trio est très forte et ce cd est un résultat parfait de cela! Avec ce trio pour piano écrit en 1944, l'objectif de Chostakovitch est de traduire des sentiments personnels dans un langage universel. La relation particulière entre le compositeur et le peuple juif trouve racines dans sa vie tumultueuse. Dans ses mémoires, il explique que «La musique folklorique juive semble joyeuse, même quand elle est à son plus tragique ...sourire à travers les larmes se rapproche de mes idéaux de la musique comme une forme d'art multicouches ". Maurice Ravel débute à l’été 1914 l’écriture d’une pièce pour piano, violon et violoncelle prévue de longue date, hommage à son professeur de contrepoint André Gedalge. La transparence et l'équilibre parfait entre les lignes mélodiques des trois instruments nous montrent que Ravel avait intériorisé la théorie qu'il avait étudié les années précédentes, pour mieux se l’approprier lors de son processus de création. This trio is one of the outstanding young musicians/ensembles who are helped by the Borletti-Buitoni Trust (BBT) to develop and sustain an international career and the developement of Trio Mondrian is going very fast now. Especially with this new cd in hand where the trio displays an intense and rich expression and deep musicality. The trio wrote on the blog of the Borletti-Buitoni Trust: "Our key to sustaining that joy, which is later transcended to our audience, is the connection that we have Between us not only as musicians but also as people, as friends. When we are on tour our Trio becomes a family." The connection between them, the unity as a trio is very strong and this cd is a perfect result of this! Shostakovich's tumultuous life may serve as an explanation for his affinity with the Jewish People who had suffered both at home under the terror of the Soviet regime, and in the rest of Europe under the Nazis. It was the composer’s aim to translate his personal feelings into a universal human language. This comes across in the 1948 song cycle "From Jewish Poetry", the Symphony No.13 ("Babi Yar") from 1962, and the second Piano Trio from 1944. Shostakovich wrote the following in his memoirs: "Jewish folk music seems jolly even when it is at its most tragic… 'smiling through tears' is as close as it gets to my ideals of (semantically speaking) music as a multi-layered art form". This approach is particularly noticeable in the cynicism which is expressed by the dancing, Klezmer-like tune of the trio's final movement. At the time, accounts of the atrocities of the Nazis' concentration camps had reached Russia; these were stories of horror, of Jewish people who were forced to sing and dance on their open graves before they were slaughtered by SS soldiers. In the summer of 1914, war in Europe had become inevitable. It was during this year that Maurice Ravel, who had been working on his piano suite, "Le tombeaux de Couperin”, started on a piece for piano, violin and cello which he had been intending to write for a long time. Unlike the suite, which he completed in 1917, the composer was able to finish the trio by the end of that summer. The completion of the trio inspired a long phase of creativity during which Ravel produced the "Valse Nobles" (1911), "Daphnis et Chloé "(1909-1912) and three songs based on a text by Stéphane Mallarmé (1913). Ravel dedicated this work to his counterpoint teacher, André Gedalge. The transparency and perfect Balance between the melodic lines of the three instruments show that Ravel had internalized the theory he had been studying, and had been applying it as a creative tool since that time.
|
Catalogue 
