Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Sonate pour violoncelle en ré mineur, op. 40
Moderato pour violoncelle et piano

Dimitri Kabalevski (1904-1987)
Sonate pour violoncelle en si bémol majeur, op. 71
Rondo, in memory of Prokofiev, op. 79

Serge Prokofiev (1891-1953)
Ballade en do majeur, op. 15
Adagio "Cendrillon et le Prince", op. 97 bis

Steven Isserlis, violoncelle
Olli Mustonen, piano

Affaire entendue d'abord : duo d'interprètes d'une confondante qualité dans la musicalité individuelle comme dans l'écoute réciproque (ils se connaissent parfaitement). Encore bien en cour prolétarienne, Chostakovitch avait 28 ans puis remania beaucoup son emblématique sonate, qui par son ambiguïté échappa toujours à l'oukaze, même son auteur tombé en plein dans le collimateur stalinien (son fameux Lady Macbeth perçu dès sa création comme opéra lèse-dictateur par le premier concerné dans la salle !). C'est que l'œuvre commence faussement néoclassique (moins beethovénienne, comme dit souvent, que carrément brahmsienne), trahissant d'ailleurs une propension secrète du compositeur au romantisme (nous l'affirmons car c'est avéré). Et puis cette simplicité voire duplicité réaliste soviétique tord son lyrisme en sarcasme caricatural, comme souvent chez ce rusé Dmitri. Quant au politiquement fort louvoyant Kabalevski, qui justement défendit quand même son collègue dans l'affaire Macbeth, il fut accusé de formalisme par le redoutable Jdanov malgré ses positions officielles bien dans la ligne, mais sa prudence sut muer opportunément en autocritique. Influencé par l'école française comme plus audacieusement par l'école russe émigrée (de Stravinski au Prokofiev d'avant le retour), il composa deux concertos pour violoncelle mais c'est en chambre qu'il est au mieux, dont cette sonate tardive, elle, que créa Rostropovitch. L'élan rhapsodique y transcende heureusement un certain traditionalisme. Mais bref, et me voilà tout de même de fort belles sonates, avec dans les jolis compléments cette ballade par laquelle Prokofiev ne rencontra jamais beaucoup de succès. Enfin, signé Isserlis, texte de livret d'une rare intelligence, toute la modestie de notre expertise en la matière vous l'affirme. (Gilles-Daniel Percet)

Belying its young composer’s reputation as the enfant terrible of early Soviet music, ‘the most popular cello sonata of the twentieth century’— Steven Isserlis’s verdict on the Shostakovich— takes its place alongside two other Russian masterpieces, from pre-Revolutionary Prokofiev to Kabalevsky in the Khrushchev era.