C’est à un défilé d’idées courtes (rarement plus de deux minutes, souvent moins d‘une) que nous invite ce disque de 61 chansons pour un chansonnier (HK Gruber), un percussionniste, un pianiste et un contrebassiste. Friedrich Cerha s’était déjà essayé au genre satirique (et à l’humour autrichien,) quelques années plus tôt avec 1. Keintate, au livret basé sur des dictons viennois. Ces Eine Art Chansons, enregistrées en 1988, s’inscrivent pour partie dans la tradition dadaïste (Wien : Heldenplatz, avec son texte crié et ses lourdes percussions ou Kleines Gedicht Für Große Stotterer, seulement accompagné de bongos, congas et tambours). Pour écrire, Cerha s’est rappelé l’Art Club, qu’il fréquentait au début des ‘50s, avec des amis compositeurs, mais aussi de jeunes peintres et poètes (le Wiener Gruppe), qui se livraient à d’inégales expérimentations linguistiques, mêlant allemand standard, dialectes, langues étrangères altérées ou troubles de la parole. Un salmigondis créatif qui a son intérêt – et ses limites –, tel le haïku, poème japonais composé de trois vers ou, dans un genre avant-gardiste plus électrique mais de la même époque, tel le Commercial Album des Residents, qui rassemblait, en 1980, 40 morceaux d’une minute : une idée, un développement concis et hop, on passe à la suivante. (Bernard Vincken) Kairos celebrates Friedrich Cerha's 93rd birthday in February 2019 with the release of the 1988 recording of his dadaistic cycle "Eine Art Chansons", performed by HK Gruber. While this it might be a surprising work for many of Cerha's fans, it is by no means untypical for Cerha's unique grasp of the 20th century diversity of musical styles and genres.
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