Carl Friedrich Abel (1723-1787)
Sonate pour viole de gambe et basse continue en sol majeur, A2:72
Sonate pour viole de gambe et basse continue en ré majeur, A2:75
Sonate pour viole de gambe et basse continue en sol mineur, A2:56A
Sonate pour viole de gambe et basse continue en sol majeur, A2:68A
Sonate pour viole de gambe et basse continue en la mineur, A2:57A
Sonate pour viole de gambe et basse continue en ré majeur, A2:50

Krzysztof Firlus, viole de gambe
Anna Firlus, clavecin, piano-forte
Tomasz Pokrzywinski, violoncelle baroque

Si on lit encore trop souvent qu'Abel est le « dernier gambiste » cette affirmation est historiquement inexacte, les deux virtuoses Joseph Fiala (1748-1816) et Franz-Xaver Hammer (1741-1817) lui ayant survécu une trentaine d'années. Les sonates de Hammer ont d'ailleurs fait l'objet d'un superbe enregistrement par Simone Eckert il y a quelques années. C'est cependant à Abel qu'on doit d'avoir fait de la viole de gambe un instrument du monde musical galant, puis classique, à l'issue d'une évolution stylistique extraordinaire. Elevé dans le strict langage baroque (Abel a presque certainement étudié à Leipzig avec Johann Sebastian Bach) on est quasiment sûr aujourd'hui que les trois sonates pour viole de gambe et clavecin obligé de ce dernier ont été écrites pour lui, et non pour son père, également gambiste réputé. Après avoir travaillé jusqu'en 1755 dans l'orchestre du roi de Pologne, Abel disparaît mystérieusement jusqu'à son arrivée à Londres en 1759. Son style change radicalement, surtout après l'arrivée de son ami et collègue Johann Christian Bach dans la même ville en 1761, se colorant d'italianité, cultivant les « allegros chantants » caractéristiques de sa musique. Depuis quelques années, plusieurs recueils d'œuvres pour et avec viole de gambe d'Abel ont été retrouvés en Europe, contenant des œuvres pour viole seule, avec continuo, avec clavier obligé, en trio, qui illustrent parfaitement cette gradation de l'idiome baroque jusqu'au langage classique mûr qui caractérise plutôt les œuvres d'ensemble (trios et quatuors dont plusieurs publiés du vivant de l'auteur), où la viole tient le rôle de « tenor » particulier à la terminologie des publications de quatuors anglais de l'époque. L'interprétation excellente des solistes polonais du présent CD élargit encore un peu plus notre connaissance du répertoire violistique de la fin du XVIIIème siècle. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

I do not always choose to struggle with difficulties and play my full potential. I make my pieces difficult whenever I please, according to my disposition and that of my audience. It is in this concise manner that Carl Friedrich Abel characterised his performance skills, which in the life of the composer were widely recognised as a unique phenomenon. The album by Krzysztof Firlus, Anna Firlus, and Tomasz Pokrzywinski includes selected Abel’s viola da gamba works from the recently discovered Maltzan family collection, made public by Polish musicologist Sonia Wronkowska.