Anton Bruckner (1824-1896)
Kitzler-Studienbuch (Cahier d'études Kitlzer)
Lancier-Quadrille en do majeur, WAB 12°
3 Pièces pour piano à 4 mains, WAB 124
Quadrille pour piano à 4 mains, WAB 121
Pièce pour piano en mi bémol majeur, WAB 119
"Stille Betrachtung an einem Herbstabend" en fa dièse mineur, WAB 123
"Steiermärker", en sol majeur, WAB 122
Fantaisie en sol majeur, WAB 119
"Erinnerung" en la bémol majeur, WAB 117

Ana-Marija Markovina, piano
Rudolf Meister, piano

Symphoniste considérable, organiste improvisateur de génie d’après les témoignages qui nous sont parvenus, Bruckner était aussi un excellent pianiste, qui donna surtout au début de sa carrière des cours de piano pour subsister. Mais comme compositeur, il ne laisse que des piécettes pour le clavier, valses, marches, danses, études, feuillets d’album souvent très brefs (plusieurs ne font même pas une minute), dans lesquels l’oreille la plus exercée est bien en peine de retrouver le style du futur symphoniste. L’intérêt de ce nouveau CD réside dans son exhaustivité, puisqu’il inclut même des pièces à quatre mains et treize morceaux jusque-là inédits au disque. Défendu avec conviction par l’excellente Ana-Marija Markovina bien connue par son intégrale des œuvres pour piano de CPE Bach, cet ensemble est à recommander en priorité à ceux qui, connaissant déjà parfaitement l’œuvre symphonique et sacré de Bruckner désirent explorer les marges de la création d’un maître décidément à part dans le XIXe siècle. (Richard Wander)

Bruckner au piano c'est inhabituel, mais avant l'orchestre aussi colossal soit-il, il y a toujours un piano... ou un orgue. La téméraire Ana-Marija Markovina (qui enregistre aussi bien CPE Bach qu’Anton Urspruch) signe là encore un programme original d'œuvres pour piano seul composées entre 1860 et 1868 dont (nous assure la pochette !) 13 inédits (...issus du Studienbuch). Entre temps quelques confrères sont déjà passés par là (Fumiko Shiraga, Wolfgang Brunner). Du Kitzlers Studienbuch (cahier d'études composé pendant ses années d'études du compositeur auprès du chef d'orchestre et violoncelliste Otto Kitzlers) la pianiste polonaise a sélectionné quatorze exercices de formes variées : un essai de sonate, quelques danses, valses, polka, une étude chromatique, rondos, andantes et menuets. L'ensemble est ravissant, de bonne facture mais bien peu représentatif de l’œuvre à venir. Deux joyeux quadrilles (série de contredanses de salon), un Lancier-quadrille (Quadrille des Lanciers) et un autre à quatre mains comportant des figures obligées (Pantalon, Trénis et Pastourelle), montrent que Bruckner savait composer de la musique légère et bien. Markovina les exécute crânement. Par contraste, les quatre pièces finales relèvent d'un esprit intimiste voire mélancolique, plus conforme au personnage. Le très nostalgique « Erinnerung » et le « Stille Betrachtung an einem Herbstabend » font tirer des larmes. Last but not least, la belle Markovina joue un piano Bösendorfer impérial 290. La classe ! (Jérôme Angouillant)