Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon en ré majeur, op. 61

Alban Berg (1885-1935)
Concerto pour violon "A la mémoire d'un ange"

Christian Ferras, violon
Berliner Philharmoniker
Karl Böhm, direction
Radio-Symphonie-Orchester Berlin
Massimo Freccia, direction

Le nom de Christian Ferras est indéfectiblement associé aux Sonates de Franck, de Lekeu, de Debussy et de Fauré, dont il fut un admirable serviteur ; à celles de Schumann, de Brahms et de Beethoven. Il figure en tête des interprètes des Concertos de Bach, de Beethoven, de Mendelssohn, de Bruch, de Brahms, de Tchaïkovski, de Sibelius et de Berg. / Cet enregistrement en studio publié par Audite marque le début de la carrière internationale du violoniste et suit deux concerts qu’il donna à Berlin du concerto Op.61 de Beethoven, à l’invitation de Karl Böhm. Notons le minutage généreux et la qualité de la restauration de la prise de son d’époque (Mono 1951). / Expression d’un bonheur éphémère, le concerto pour violon de Beethoven est une affaire de rencontre amoureuse entre un chef et un soliste. Epaulé par un chef qui, d’un geste probe et ductile, le précède et le guide jusqu’au bout, le jeune violoniste aborde l’allegro d’entrée avec une pudeur et une hauteur de vue assez impressionnante pour un jeune homme d’à peine 20 ans. Il déploie toute la tendresse dont il est capable et produit un son charnu et vibrant. Aucune baisse de tension dans le fil de ce chant suspendu, tendu de la première à la dernière note, notamment dans la cadence où Ferras est capable des nuances les plus infimes. Le difficile Larghetto est pris dans un tempo extrêmement retenu, mais ni Böhm ni Ferras ne sombre dans le statisme et la pesanteur. Le chant demeure, primordial. Quant au final, les rôles se sont inversés, Ferras parvient à mener le chef là ou il veut, jusqu’à la cadence, périlleuse de Fritz Kreisler, et la coda. Le complément de programme est le Concerto d’Alban Berg « A la mémoire d’un ange ». On connaît l’argument de sa composition : la mort d’un enfant. Si le chef Massimo Freccia (et l’orchestre de la RSO) ne restitue pas vraiment les détails de climats et les subtilités démoniaques qu’exige la partition, il en dessine les contours avec assez de franchise et de clarté pour que Ferras y joue sa partie avec une géniale ambigüité. Entre la poésie exquise d’une partition extraordinaire de sensualité, et le revers funeste: un dénouement terrible qui confine à l’agonie. Subsiste la beauté de la ligne de ce chant, se dessinant sur les paysages perpétuellement changeants de l’orchestre. Christian Ferras, déjà au sommet. (Jérôme Angouillant)

Christian Ferras (1933-1982) was, alongside Jacques Thibaud, Zino Francescatti and Ginette Neveu, one of the great violinists who had a determining influence on the Franco-Belgian violin school: an art of playing the violin which is often associated with sensuality, elegance and a refined sound quality. Following his début in Paris in 1946 with the “Symphonie espagnole” by Édouard Lalo and Beethoven’s violin concerto, Ferras launched an international career. Together with the pianist Pierre Barbizet he formed a congenial duo which lasted for three decades. His cooperation with Herbert von Karajan and the Berlin Philharmonic during the 1960s marked the pinnacle of his career. Ferras had made his début with the Berlin Philharmonic as early as 1951. Under the baton of Karl Böhm, he performed the Beethoven violin concerto at the Titania Palast. On this occasion a studio recording was made at the Jesus-Christus-Kirche in Berlin which is presented here. It is fascinating to experience the beauty and confident serenity of Ferras’ interpretation of the solo part when he was only eighteen years old. A live recording from 1964 with the Radio Symphony Orchestra Berlin under the baton of the Italian-American conductor Massimo Freccia is an impressive document of Ferras’ reading of the Alban Berg violin concerto: he saw it as a primarily romantic work which he performed with great expressiveness to striking effect. Ferras’ career took a tragic turn when, towards the end of the 1960s, he began battling with depression and alcoholism which resulted in a gradual withdrawal from concert life. In 1975, he accepted a professorship at the Paris Conservatoire and in the following years he no longer performed publicly. Ferras returned to the concert platform once more in March 1982; however, only three weeks after his final concert on 25 August 1982, at the age of 49, he took his own life. This release is furnished with a “producer’s comment” by producer Ludger Böckenhoff on our home page . This CD forms part of our series “Legendary Recordings” and bears the stamp “1st Master Release”. This term stands for the exceptional quality of audite’s archive releases which are all, without exception, produced using original tapes from the radio archives. Usually, these are the original analogue tapes with tape speeds of up to 76 cm/s which are of astonishingly high quality, even by today’s standards. In addition, the process of re-mastering – executed with professional expertise and sensitivity – reveals hitherto hidden details of the interpretations, creating a sonic image of superior quality. CD releases produced from private recordings of radio broadcasts or old 78rpm records cannot match this level of sound quality.