Voilà un wohltemperierte Klavier I qui divisera son auditoire. Pour les admirateurs du monument intellectuel surhumain pour l’époque, de son ampleur, de son éloquence, de sa densité austère et de l’omniprésence des nombres 24 et 12, il paraîtra peut-être bien léger. Sur ce chemin-là, qui pourrait rivaliser avec Gustav Leonhardt (à qui les autres reprocheront bien sûr sa sécheresse, sa rigidité) ? Pour ceux qui, plus hédonistes, estiment qu’après tout il ne s’agit « que » d’une succession de préludes et fugues permettant à l’instrumentiste d’étaler son savoir-faire et sa musicalité le plaisir sera peut-être mitigé aussi. Devine joue évidemment bien… très bien. Mais comme il est uniformément léger, presque hors sujet parfois ! Ce premier prélude, avec ses ralentis, ses décrochages, ne ressemble-t-il pas plus à l’accompagnement d’une chanson de Maurane qu’à l’exercice préliminaire permettant de tester le clavier avant d’attaquer les choses sérieuses ? Le collier de perles se dévide ensuite, très beau mais un peu futile sans qu’on ne perçoive trop bien ni les liens organiques discrets qui relient les éléments des paires, ni les oppositions de traitement entre les tonalités. Quelle est la part prise par l’instrument, très beau, dans ce relatif manque de contraste ? Difficile à dire… Alors oui, voilà un beau volume I. Mais il y a Rosalyn Tureck, Andras Schiff, Pierre Hantaï et Leonhardt… ou encore Richter, Gulda, Gould... (Olivier Eterradossi) Following on from his acclaimed recording of Jean-Philippe Rameau's complete solo keyboard works (RES10214), harpsichordist Steven Devine returns to Resonus to record one of the great pinnacles of the Baroque keyboard repertoire, Johann Sebastian Bach's Das wohltemperierte Klavier. For this first of two volumes, Devine uses an exquisite instrument built by Colin Booth after an instrument by the eighteenth century maker Johann Christof Fleischer.
|