Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Ich habe genug, BWV 82
Der Friede sei mit mir, BWV 158
Ich will den Kreuzstab gerne tragen, BWV 56
Amore traditore, BWV 203
Der Friede sei mit mir, BWV 158/2

Dominik Wörner, basse
Ensemble Il Gardellino
Ryo Terakado, direction

Dans le corpus énorme des cantates d’église de Bach, celles écrites pour une basse solo constituent étrangement une rareté, se comptant au nombre de trois seulement, alors que la voix de basse est par ailleurs abondamment utilisée, notamment dans les Passions. Les trois cantates ici présentées ont en commun la thématique de leur texte, présentant la mort comme le but ultime et la récompense de la vie du chrétien. Certains indices laissent supposer que ces œuvres, ou tout au moins la première, ont été conçues pour être exécutées dans le cadre familial lors de dévotions privées, Bach chantant lui-même la partie solo. La première de ces pièces (BWV 82, Ich habe genung), considérée à juste titre comme un des chefs d’œuvre de son auteur, existe même en 4 versions différentes, adaptée entre autres à la tessiture de son épouse Anna Magdalena. La deuxième cantate semble nous être parvenue, par l’absence d’air introductif, dans une version tronquée. Les trois œuvres ont en commun la présence dans l’effectif instrumental d’un instrument solo qui constitue un partenaire à part presque égale avec le soliste vocal : obœ da caccia (hautbois alto au timbre affectionné par Bach) dans la première, flûte traversière dans la deuxième, hautbois dans la dernière, transformant quasiment en duos ces œuvres inspirées, les solistes instrumentaux étant à la hauteur de Dominik Wörner dont la maîtrise parfaite de cette musique toute en nuances subtiles éclate dans cette interprétation exemplaire. L’enregistrement est complété par une curiosité, la seule autre cantate pour Basse attribuée à Bach; attribuée seulement, car la découpe en deux airs séparés par un récitatif, le texte en italien approximatif, l’accompagnement réduit au continuo, et avant tout le style, font de Jean-Sébastien un auteur très peu vraisemblable de cette œuvre plaisante et légère. Le bonus nous livre une magnifique version alternative (avec violon obligé) de l’Air de la deuxième cantate. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)