Arenski Bortkiewicz Concertos pour piano Coombs Maksymiuk - CDA66624 - Hyperion - Classique

Etonnant Sergei Bortkiewicz. Je célébrais voici peu l’intégrale de sa musique de piano sans connaitre les trois Concertos qu’il aura écrits pour son instrument. La veine mélodique emporte tout ici, souvenir évident de Tchaïkovski qui souligne encore sa proximité, de style, de syntaxe, de vocabulaire, avec le jeune Rachmanino. Pourtant ce pianisme ardent, saturé de notes me fait irrésistiblement penser à Nikolaï Medtner. Serait-il décidément le troisième homme du piano russe postromantique ? Le Premier Concerto (circa 1912), dont l’Andante sostenuto commence dans une sorte de mystère lyrique du quatuor où le piano vient égrener un motif énigmatique, comme une mazurka alentie, est prodigieux de poésie. Margaret Mitchell l’avait enregistré jadis, dans sa série de concertos rares que lui dirigeait avec un certain panache William Strickland, mais elle coupait abondamment dans une partition qui a besoin d’espace. Stephen Coombs joue l’intégralité du texte, modelant le grand premier mouvement dont les couleurs automnales s’accordent à un ton de confession romanesque jusqu’à ce qu’un Allegro deciso emporte tout dans une tempête. Le finale est une danse fastueuse, une leginska pleine de fantaisie, capricieuse, qui demande au pianiste autant d’imagination que de virtuosité et à l’orchestre un chef capable d’alléger, ce que réussit Jerzy Maksymiuk. Plutôt que de graver un autre opus de Bortkiewicz Stephen Coombs aura choisi le Concerto de jeunesse d’Arenski, qui peine à se défaire de Liszt pour le style et de Tchaïkovski pour les effets. La Fantaisie sur des chants populaires russes, bardée d’octaves et de traits virtuoses n’est pas plus originale, revenez vite au Premier Concerto de l’Ukrainien. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)